De
nombreux graphes de prédominance sont utilisés en chimie , du plus
simple, à une dimension, aux graphes bidimensionnels avec des
significations multiples pour les axes .
Le but de cet exposé est de rappeler leur mode de construction et leur
mode de lecture et donc leur intérêt .
Les courbes de dosage ne
font pas partie de ce propos.
I- LES OUTILS
GRAPHIQUES EN
SOLUTIONS AQUEUSES
1-
Acide/base
Version
mathématique |
Version
graphique |
La constante de
l'équilibre
HA = A- +
H+est
notée KA
L'équilibre A/B obéit à la loi d'action des masses
si pH > pKA c'est que
[A-] > [HA]
si pH < pKA c'est
que [HA] > [A-]
si pH > pKA +1 c'est
que
[A-] > 10 [HA] soit %A->90%
si pH < pKA -1 c'est que
[HA] > 10 [A-] soit %HA >90%
Si pKA -1 < pH
< pKA +1 => aucune
prédominance >90%
Cas d'un polycacide
Cas de l'acide
bichromate
Dosage A/B
Soit la réaction
d'un acide faible sur une base faible :
HA1/A1-
de pKA1
et HA2/A2-
de pKA2
Soit le mélange HA1
+ A2-
:
La RP est : HA1
+ A2-
= HA2
+ A1-
K= KA1
/ KA2
"deux" cas sont possibles :
- pKA1 >
pKA2
=>
KA1
<< KA2
=> K >> 1
La réaction est très avancée
- pKA1
< pKA2
=>
KA1
>> KA2
=> K << 1
La réaction est fort peu avancée
Exemple
mélanges Acide phosphorique / ammoniaque
|
La constante de
l'équilibre HA
= A- +
H+est
notée KA
Soit la réaction
d'un acide faible sur une base faible : HA1/A1-
de pKA1
et HA2/A2-
de pKA2
Soit le mélange HA1
+ A2-
: Cas n° 1 : ils n'ont pas de domaine commun :
La réaction
est "totale"
Soit le mélange HA1
+ A2-
: Cas n° 2 : ils ont un domaine commun :
"Pas" de
réaction
|
2-
Complexation
Version
mathématique |
Version
graphique |
donc
pL grand => domaine de M
pL faible => domaine de MLn
|
|
MAIS, pour
un mélange constitué d'un cation métallique et d'un
ligand, il existe souvent plusieurs complexes possibles.
Construire
un axe de
prédominance en complexation, c'est chercher la prédominance entre espèces
obtenues
successivement lors de l'ajout de ligand dans
une solution d'ion métallique
Il faut distinguer les constantes de dissociation globales et les
constantes de dissociation successives :
C'est donc la recherche des Kd successifs qui permet d'avancer dans la
construction de l'axe de prédominance.
On
montre que pour deux complexes successifs à n-1 ligands et n ligands,
la constante
Kdn/n-1
= KDn
/ KDn-1
Dans cet exposé je noterai
Kd
les constantes de dissociation successives
et
KD les constantes de dissociation
globales
. Cette notation est circonstantielle, non officielle. On rencontre
souvent
β
pour la notation des constantes de
formation
globale...
Exemple des
complexes ammino cadmium II
Cas de
complexes instables : ammino argent I
3-
Précipitation ( et redissolution )
Nous travaillerons sur le précipité : ML
n
= M
n+ + n L
-
Ks constante de solubilité de ce
complexe
Ce précipité sera éventuellement susceptible de se redissoudre sous la
forme de ML
m(m-n)-
avec K
D constante de dissociation
globale du complexe
4-
Solubilité en fonction du pH ( ou de pL )
Dans le cas de précipitation entre un cation métallique et un anion
basique dont la concentration dépend du pH ou autre cas
similaire, on peut tracer des graphes bidimensionnels .
De façon courante, on trace les graphes log(solublité) / pH
"En
fonction du pH" signifie que c'est
l'expérimentateur qui se fixe le pH, par un moyen
de son choix. Le plus simple est d'imaginer que l'on dissout le solide
dans des solutions tampon de pH souhaité.
Méditer
la différence avec la
question : quel est le pH d'une solution obtenue par dissolution de n
moles de ZnS dans 10 mL d'eau...par exemple....
On rappelle ici que la
solubilité est la
quantité
maximale de solide dissous dans une solution
à
l'équilibre ( équilibre sous-entendant que le solide reste
présent)
Deux
exemples valent mieux ici qu'un long discours général :
Etude
de la solubilité du sulfure de zinc en fonction du pH :
Données ZnS = Zn
2+ + S
2-
Ks H
2S
: K
A1 = 7 K
A2
= 13
Etude mathématique |
Résultat
graphique |
|
Q : Pourquoi la solubilité dépend-elle du pH ?
Rép :
car S2- est
une base , dont la forme majoritaire varie selon le pH ( que
l'on se fixera )
Conséquence
: il existe 3 RP de solubilité:
ZnS
= Zn2+
+ S2-
Ks
EI
N
0
0
EF
N - s
s
s
(a=1)
A l'équilibre, la LAM : Ks = s2 =>
log s = -
1/2 pKs
ZnS
+ H+ =
Zn2+ +
HS-
Ks / KA2
EI
N
h
0
0
EF N
- s
h
s s
h=
cte car on se fixe le pH
( tampon par exemple )
A l'équilibre , la LAM : Ks / KA2
= s2 / h
=> log
s = 1/2 ( pKA2 - pKs) -
1/2 pH
ZnS
+ 2H+
= Zn2+
+ H2S
Ks /( KA2 KA1)
EI
N
h
0
0
EF N - s
h
s
s
h=
cte car on se fixe le pH
( tampon par exemple )
A l'équilibre , la LAM : Ks / ( KA2
KA1) = s2
/h2
=> log s = 1/2 ( pKA2 + pKA1 - pKs) - pH
|
L'axe
des ordonnées est à double lecture :
- log s pour les points du tracé
- log ( concentration introduite ) pour tout autre
point du graphe
=> au dessus du tracé , la quantité introduite > s
=> le précipité est présent
=> au dessous du tracé, la quantité introduite < s
=> tout est dissous |
Bien sûr , on remarquera que la
solubilité
est plus forte en milieu acide , par consommation de l'ion
sulfure par les ions H
+ pour donner H
2S
, soit un déplacement de l'équilibre de solublité "primaire" (
définition du Ks )
Etude
de la solubilité de l'hydroxyde d'aluminium en fonction du pH :
Données Al(OH)3 = Al
3+ + 3 OH
-
pKs=32
Al(OH)
4-
= Al
3+ + 4 OH
-
pK
D = 33
Etude
mathématique |
résultat
graphique |
|
Q : pourquoi la
solubilité dépend-elle du pH?
Rép :
parce que 1) la quantité d'OH- est directement liée au pH ( que
l'on se fixera )
2) il existe un complexe en milieu
fortement basique
Conséquence :
Il existe donc deux formes dissoutes de Al(OH)3
et
donc deux
réactions de dissolution
Q : Domaines
de pH des 2 formes dissoutes ???
Calcul préliminaire :
Détermination des domaines de prédominance des 2 formes dissoutes
Equilibre
entre les deux formes dissoutes :
Al(OH)4-
= Al3+ + 4 OH-
KD =[OH-
]4 [Al3+
] / [ Al(OH)4-
] à l'équilibre
Les
2 domaines de prédominance sont séparés par une frontière correspondant
à l'égalité entre les deux formes :
[Al3+
] = [ Al(OH)4-
]
Donc à la frontière :
KD
=[OH-
]4
Soit
pH = 14 - pKD
/ 4
Al(OH)3
= Al3+
+ 3 OH-
K = Ks
EI Excès
θ
EF Excès -s
s
θ
θ=
cte car on se fixe le pH
( tampon par exemple )
A l'équilibre la LAM : Ks = θ3 . s = s . Ke3 / h3
=> log s = ( 3 pKe - pKs ) - 3 pH
Al(OH)3 + OH- = Al(OH)4-
K=Ks/KD EI Excès θ EF
Excès - s
θ
s
θ=
cte car on se fixe le pH
( tampon par exemple )
A l'équilibre la LAM : Ks / KD = s / θ = s. h / Ke
=> log s = ( pKd - pKs - pKe ) + pH
|
|
Suite...à venir...
Dans le cas des polyacides , il suffit d'étudier chaque
couple successivement . Les espèces au centre du diagramme
sont
des ampholytes (à la fois acides et bases ) . Pour l'acide phosphorique
voici ce que cela donne.
La lecture directe permet évidemment , si le pH de la solution est
connu de savoir quelle est l'espèce majoritaire en solution (par
exemple dans une solution tampon de pH =10, HPO
42-
est l'espèce majoritaire de l'acide phosphorique )
Retour :
Très rares , certains acides ont une acidité multiple globale : c'est
par exemple le cas pour le couple Cr
2O
72-
/ CrO
42-
, de pK
A = 13,8
Ne
perdons pas de vue que le schéma traduit la préominance de la base par
rapport à l'acide : écrivons la réactions A/B élémentaire et la LAM
associée :
avec
qui nous enseigne que la limite de prédominance n'est pas pK
A
mais 1/2 pKA en raison de la double acidité globale et que cette limite
manifeste la prépondérance mathématique du CARRE de la concentration en
base par rapport à la concentration en acide...soit :
Retour :
En
dosage acide base, cette zone étroite de pH correspond au volume
important nécessaire pour la consommation de 90% de l'espèce dosée :
On remarquera que pendant la chute vertigineuse (variation linéaire )
de la quantité de NH
4+
( courbe verte) et donc par opposition la croissance identiquement
vertigineuse ( et tout aussi linéaire) de la quantité de NH
3
( courbe rouge) le pH de la solution ( courbe bleue ) croit tout
doucement (courbe bleue ) entre 8,2 et 10,2 .
On gardera donc en mémoire que
pendant 18 mL qui constituent 90%
du dosage ( consommation de NH4+ ), le pH varie fort
peu.
Par contre , dans les deux premiers mL, ce pH a augmenté de façon
drastique pendant la création des premiers 10% de NH
3
. De même , ce pH croit brutalement pendant la disparition des derniers
10% de NH
4+
: c'est la marque graphique de l'équivalence. Ces variations brutales
du pH sont l'effet mathématique de la fonction log, utilisée pour
marquer la proximité de la valeur ZERO pour l'une des variables du
système ( au début pour NH
3
et à l'équivalence pour NH
4+
)
retour :
Soit un mélange
d'acide phosphorique et d'ammoniac : Dessinons les axes
correspondants
L'axe nous dit que la réaction entre H
3PO
4
et NH
3 est totale
H
3PO
4
+ NH
3 --> H
2PO
4-
+ NH
4+
S'ils ont été introduits
en même quantité alors, le pH final sera dans le domaine commun des
espèces formées, soit H
2PO
4-
et NH
4+,
donc compris entre 1,2 et 7,2 (proche de 4,2 )
S'ils ont été introduits avec le double d'ammoniac par rapport à
l'acide phosphorique, alors, comme H
2PO
4-
formé n'a pas de domaine commun avec l'ammoniac restant après la 1°
réaction ,il se produira en suivant la réaction suivante : H
2PO
4-
+ NH
3
--> HPO
42-
+ NH
4+
; le pH final sera dans le domaine commun de HPO
42-
et NH
4+
soit entre 7,2 et 9,2 ( proche de 8,2)
Si NH3 est en quantité supérieure au double de l'acide phosphorique,
comme NH3 et HPO
42-
ont un domaine commun, et que NH
4+
est aussi présent, le pH sera proche de 9,2 selon la proportion en
excès / NH
4+
d'ammoniac.
Retour :
Nous prendrons
dans cet exposé les données relatives à un mélange cadmium ammoniac en
négligeant les propriétés basiques de l'ammoniac.
Les complexes qui existent sont les suivants : Cd(NH
3)
2+
, Cd(NH
3)
22+
, Cd(NH
3)
32+
, Cd(NH
3)
42+
, Cd(NH
3)
52+
, et Cd(NH
3)
62+
On donne pour chacun d'eux les pK
D globale
: 2,60
4,65
6,04
6,92
6,6
4,9
Donc pour le cadmium dans l'ammoniac, on obtient le résultat suivant :
|
Cd(NH3)2+ |
Cd(NH3)22+ |
Cd(NH3)32+ |
Cd(NH3)42+ |
Cd(NH3)52+ |
Cd(NH3)62+ |
pKDn |
2,60 |
4,65 |
6,04 |
6,92 |
6,6 |
4,9 |
pKDn/n-1 |
2,60 |
2,05 |
1,39 |
0,88 |
-0.32 |
-1.7 |
Ce qui conduit à l'axe suivant :
On remarquera qu'il n'existe aucune zone d'existence à + de 90%
seul, pour aucun des complexes car il n'y a jamais plus de 2
unités d'écart entre les 2 valeurs limites .
D'autre part , les
complexes hexa amminé ou penta amminé nécessitent des concentrations
TRES fortes en ammoniac ; S'il sera possible d'obtenir le complexe
penta ammino cadmium II, l'hexa ammino cadmium II sera TRES difficile à
obtenir en solution aqueuse.
Retour :
On trouve dans la
littérature les données suivantes : Ag(NH
3)
+
pK
D1 =3,40
Ag(NH
3)
2+
pK
D2 = 7,40
Traçons l'axe de prédominance relatif à ces complexes de Ag
+
en présence d'ammoniaque :
- Calcul des pKd ( successifs)
: pKd1-0
= 3,40 pKd2-1
= 4
- Tracé de l'axe de prédominance : souci....:
On constate que Ag(NH
3)
+
est instable : il a deux domaines ( jaunes) de
prédominance disjoints : il est à la fois donneur et accepteur du
ligand NH3 . Les domaines étant disjoints, la réaction du
donneur Ag(NH
3)
+
sur l'accepteur Ag(NH
3)
+
est totale :
2 Ag(NH3)+ ->
Ag(NH3)2+ + Ag+
Pour tracer le diagramme de prédominance, il ne faut donc pas tenir
compte de Ag(NH
3)
+ ,
instable.
Les deux espèces à envisager sont donc Ag(NH
3)
2+
et Ag
+ : limite pK
D2
/ 2 = 3,70 :
Retour :